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Donald Trump, le mauvais héritier
Donald Trump, le mauvais héritier

La Presse

time3 days ago

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Donald Trump, le mauvais héritier

Après avoir dilapidé la fortune paternelle jusqu'à faire faillite (il faut lire à ce sujet l'exposé exemplaire d'Alain Roy dans Le cas Trump⁠1), Donald Trump joue désormais, comme dans une partie de poker dont les règles changent au gré de ses humeurs, l'immense capital géopolitique dont il a hérité en prenant la tête des États-Unis. Et s'il fait chanter les nations les plus puissantes de la planète avec ses menaces tarifaires lancées à tort et à travers, c'est qu'il dispose d'une quantité impressionnante d'atouts. Car il faut mettre une chose au clair : le déclin de l'empire américain est une jolie prémisse de film, conçue pour plaire aux « petits » que nous sommes, mais qui ne résiste pas à l'examen des faits. En réalité, les États-Unis, première puissance mondiale, demeurent les principaux garants de l'ordre international. Forts de leurs 750 bases militaires réparties dans 80 pays, plus que celles de toutes les autres grandes puissances réunies (en comparaison, la Chine n'en compte que 5 hors de son territoire), les États-Unis sont en mesure d'intervenir militairement partout sur la planète. Cette domination s'étend tout naturellement au domaine économique : leur dollar continue de servir d'étalon et de valeur refuge, leurs indices boursiers sont les plus suivis et attirent des flux considérables de capitaux, leur marché de consommateurs est convoité par tous les exportateurs, les grandes fortunes s'y font et s'y défont. PHOTO JOHN MOORE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE Le navire de guerre USS Wasp s'apprête à accoster à la base navale de la marine américaine de la baie de Guantánamo, à Cuba. Bref, tout le monde veut profiter de la prospérité des États-Unis – y compris notre premier ministre, Mark Carney, dont le portefeuille d'investissement est dominé par les titres des multinationales américaines (armement, pétrole, finance, commerce, technos : tout y est⁠2). Et je n'ai encore rien dit de leur rayonnement culturel, qui s'appuie sur une infrastructure technologique tentaculaire (les fameux GAFAM), du pouvoir de leur langue, que tout le monde parle ou aspire à parler, et de leur formidable capacité à imposer leur actualité et leurs débats, qui déterminent les nôtres jusqu'à s'y substituer. C'est pourquoi nous avons beau, ces jours-ci, bouder les États-Unis, boycotter leur territoire et leurs produits (et j'en suis), en réalité, nous demeurons engagés de mille manières dans un devenir-américain dont nul n'a encore vu la fin. Jusqu'à présent, les États-Unis ont privilégié une forme de soft power, cherchant généralement à persuader plutôt qu'à contraindre, à séduire plutôt qu'à envahir, travaillant de concert avec les autres nations au sein des grandes organisations (ONU, OMC, FMI, etc.) qu'ils avaient eux-mêmes contribué à créer afin de garantir un ordre mondial stable et prévisible. Bien sûr, il leur est arrivé de céder à la tentation de l'intervention militaire à grande échelle (le Viêtnam, l'Afghanistan, l'Irak), pour aussitôt reconnaître qu'il s'agissait d'une stratégie coûteuse, vouée à l'échec. Ils ont compris que le plus grand pouvoir est celui qu'on ne voit pas – en tout cas, le moins possible –, que la soumission la plus efficace est celle à laquelle on consent volontairement, parce qu'on s'est persuadé qu'on l'a soi-même voulue. Aussi, si on a pu parler d'un empire américain, c'était un empire d'un genre nouveau, un empire invisible si l'on veut, qui ne visait pas à occuper des territoires, mais à veiller sur eux, en bons gendarmes, pour autant qu'il soit possible d'y brasser des affaires. Or, Donald Trump incarne une rupture par rapport à cette tradition : lui a décidé de montrer la force de l'empire (qu'il confond avec la sienne), et même d'en faire un spectacle permanent, bref de rendre visible ce qui ne l'était pas – y compris au moyen de défilés militaires. En menaçant d'annexer le Canada et le Groenland, et surtout en lançant une offensive douanière tous azimuts, il a voulu rappeler qui étaient les vrais maîtres. Ce que nous vivons n'est pas la guerre, bien sûr, c'est « une drôle de guerre⁠3 », qui se déroule sur une scène abstraite entre professionnels de la négociation, mais qui n'en a pas moins des effets réels sur les citoyens des pays visés et le climat politique général. PHOTO JULIA DEMAREE NIKHINSON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS Le président des États-Unis, Donald Trump, livre un discours durant le défilé organisé à l'occasion du 250e anniversaire de l'Armée américaine, en juin dernier, à Washington. C'est la guerre d'un seul contre tous, où les alliés d'hier ne sont pas mieux traités que les ennemis d'aujourd'hui, une guerre de « libération » (rappelons-nous le fameux Liberation Day) qui fait déjà des victimes et rapporte au Trésor américain un petit butin (de 25 à 30 milliards de dollars par mois, et bientôt plus encore⁠4) dont Trump ne manquera pas de se vanter. C'est cette logique guerrière qui explique le congédiement brutal de la statisticienne en chef des États-Unis la semaine dernière, en raison des mauvais chiffres sur l'emploi publiés par son organisme. Pas question de révéler la moindre faiblesse ; en temps de guerre, il faut contrôler l'information, quitte à verser dans la propagande. L'ironie de la situation actuelle est qu'en résistant à l'offensive de Trump, nous cherchons à préserver un ordre mondial que les Américains ont eux-mêmes créé, et dont ils ont largement profité depuis la fin de la Seconde Guerre. Mais il faut rappeler qu'avant de devenir les chantres du libre marché et de la mondialisation « heureuse », les États-Unis ont longtemps pratiqué un protectionnisme zélé, à l'instar de la Grande-Bretagne, jadis elle-même à la tête d'un vaste empire. C'est d'ailleurs une constante de l'histoire économique : le protectionnisme est le privilège des puissants. Voilà pourquoi le Canada, géographiquement isolé et économiquement affaibli, n'ose pas répliquer aux tactiques brutales de son voisin : Trump exige un sacrifice, et il l'obtient, sans contrepartie, parce que dans cette négociation qui a toutes les allures d'un racket, comme le soulignait Alexandre Sirois⁠5, il s'agit essentiellement d'éviter le pire. À court terme, la stratégie de Trump peut fonctionner : on l'a vu avec l'Union européenne, qui a accepté de casquer, en échange… de pas grand-chose. Mais à plus long terme, c'est une autre histoire : en rompant avec la logique du soft power au profit de la politique du fait accompli, et en érigeant la corruption en système au point de transformer sa présidence en « kleptocratie⁠6 », Trump risque de provoquer une redéfinition des alliances internationales, laquelle se produira au détriment des intérêts de son pays. Voilà un autre héritage qu'il aura dilapidé. 1. Alain Roy, Le cas Trump. Portrait d'un imposteur, Montréal, Éditions Écosociété, 2025 2. Lisez l'article « Google, Amazon, Meta : voici les grosses compagnies dans le portefeuille de Mark Carney » du Journal de Québec 3. Lisez la chronique « La drôle de guerre » de Michel David, au Devoir (abonnement requis) 4. Consultez le décompte de revenus générés par les droits de douane aux États-Unis, par Politico (en anglais) 5. Lisez la chronique « L'art du deal ? Plutôt l'art du taxage ! » d'Alexandre Sirois 6. Lisez l'article « America Has Never Seen Corruption Like This » de The Atlantic (en anglais, sur abonnement) Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue

Ultimatum et illusions perdues
Ultimatum et illusions perdues

La Presse

time31-07-2025

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Ultimatum et illusions perdues

Des gens passent, à Moscou le 14 juillet, devant les bureaux de l'agence TASS où est affichée la menace de Donald Trump d'imposer des droits de douane de 100 % à la Russie. Dans un mouvement qui rappelle le désenchantement progressif au cœur des Illusions perdues de Balzac, Donald Trump s'emploie à défendre un ordre international que l'histoire est en train de dépasser. Zach Battat Titulaire d'un doctorat en histoire du Moyen-Orient La récente intervention de Donald Trump dans la diplomatie mondiale – menaçant d'imposer des droits de douane de 100 % à la Russie si un accord de paix n'est pas conclu d'ici quelques jours1 et promettant des sanctions contre tout pays commerçant avec Moscou – se veut un acte de force. Mais il faut plutôt y voir le reflet d'une époque révolue. Associée à son plan consistant à fournir des armes américaines à l'Ukraine par l'intermédiaire de l'OTAN – où les alliés paient pendant que les industriels de l'armement américains empochent les bénéfices –, cette politique illustre non pas le renouveau du leadership américain, mais sa fragmentation. Les menaces de Trump risquent de renforcer le monde multipolaire qu'il a passé des années à vouloir empêcher. En tant qu'historien du Moyen-Orient, je reconnais là un schéma familier. Le XXe siècle regorge d'exemples d'empires ayant surestimé la portée de la coercition économique. De la politique de blocus2 de la Grande-Bretagne pendant la Première Guerre mondiale aux embargos imposés3 par les États-Unis à l'Égypte de Nasser, ces outils ont souvent entraîné des effets pervers : réorientation économique, raidissement politique et formation d'alliances nouvelles au-delà de la sphère d'influence du pouvoir sanctionnant. La stratégie tarifaire de Trump ne fait pas exception. Un ordre post-américain L'idée d'utiliser les droits de douane pour contraindre les puissances étrangères à se soumettre n'a rien de nouveau. Au début des années 1930, le droit de douane Smoot-Hawley visait à protéger l'industrie américaine pendant la Grande Dépression – il a en réalité provoqué des représailles commerciales mondiales et aggravé la crise4. Pendant la guerre froide, les États-Unis ont imposé des restrictions commerciales massives à l'Union soviétique et à ses alliés. Mais même à l'apogée de leur puissance, ces sanctions exigeaient une diplomatie multilatérale complexe et donnaient rarement des résultats rapides5. Aujourd'hui, l'économie mondiale est bien plus décentralisée. Demander à des États souverains comme l'Inde, la Turquie ou le Brésil de rompre leurs relations commerciales avec la Russie sous peine de sanctions n'est pas seulement irréaliste – cela accélère leur basculement vers un ordre post-américain. En réalité, cette posture pourrait renforcer la Russie. Après 2022, les sanctions ont poussé Moscou à se tourner vers d'autres circuits commerciaux, à renforcer ses liens énergétiques avec la Chine, et à utiliser d'autres monnaies comme solutions de rechange au dollar6. L'idée que des droits de douane de 100 % ou des sanctions secondaires isoleront aujourd'hui la Russie – alors qu'une grande partie du Sud global refuse de prendre parti dans la guerre en Ukraine – témoigne d'une mauvaise compréhension de la répartition du pouvoir en 2025. Elle ignore aussi le rejet croissant, dans de nombreuses régions du monde, des conditionnalités imposées par les États-Unis. Le plan d'armement de Trump est tout aussi révélateur. Plutôt que de fournir directement des armes à l'Ukraine, son administration propose que les alliés de l'OTAN achètent des systèmes américains – comme les batteries Patriot – et les transfèrent à Kyiv, permettant aux États-Unis de reconstituer leur stock par de nouveaux contrats. La logique est d'ordre politique : éviter une aide directe, faire bénéficier l'industrie nationale et faire payer le Canada et l'Europe. Mais historiquement, cela relève d'un transfert de responsabilité par procuration. Les États-Unis ont déjà utilisé ce genre de modèle avec la doctrine Nixon, et plus tard en soutenant des alliés régionaux comme l'Arabie saoudite, Israël ou le Pakistan – souvent avec une instabilité durable à la clé. Déléguer ainsi ne mène que rarement à des résultats stables. Fondamentalement, toute cette posture – droits de douane, aide militaire indirecte, ultimatums – traduit une volonté de préserver une domination unipolaire dans un monde qui a déjà changé. Une politique réellement stratégique reconnaîtrait que nous vivons dans un système multipolaire, où le pouvoir est diffus, transactionnel, et où le Sud global joue un rôle de plus en plus important dans la définition des normes internationales. Des pays comme l'Inde ou l'Afrique du Sud ne sont pas de simples spectateurs des tensions russo-américaines – ce sont des acteurs autonomes dans un monde de plus en plus pluriel. La guerre en Ukraine est une tragédie. Mais y répondre par des délais unilatéraux et des moyens coercitifs révèle une angoisse plus profonde : celle d'un Washington qui perd la capacité de fixer les règles du jeu. Les menaces de Trump peuvent donner l'illusion d'une action, mais elles sont réactives, non visionnaires. Elles évoquent les derniers soubresauts d'un ancien ordre, pas les fondations d'un nouveau. L'histoire nous enseigne que lorsque des empires tentent d'imposer des règles qui ne correspondent plus à l'équilibre réel des forces, ils précipitent souvent leur propre déclin. Une voie plus sage consisterait à accepter la multipolarité – et non à la combattre – en favorisant la diplomatie régionale, en partageant les responsabilités, et en abandonnant l'illusion que les outils punitifs peuvent, à eux seuls, façonner le monde. Comme dans le roman de Balzac, c'est parfois l'illusion de puissance elle-même qui précipite la chute. 1. Lisez « Trump threatens tariffs targeting Russia without deal to end Ukraine war in 50 days » (en anglais) 2. Lisez « A Forgotten Front ? The Mediterranean Blockade in the First World War » (en anglais) 3. Lisez « We Don't Give a Dam – The Feud Over Financing the Aswan High Dam » (en anglais) 4. Lisez « Le brouillard de la guerre (commerciale) » 5. Lisez « Commentary – Can Export Controls Win a New Cold War : A Historical Case Study » (en anglais) 6. Lisez « Markets call Trump's bluff on Russian oil sanctions in increasingly risky game » (en anglais) Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue

Xi Jinping déclare que la Chine et la Russie doivent «renforcer leur soutien mutuel»
Xi Jinping déclare que la Chine et la Russie doivent «renforcer leur soutien mutuel»

Le Figaro

time15-07-2025

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Xi Jinping déclare que la Chine et la Russie doivent «renforcer leur soutien mutuel»

Pékin et Moscou doivent «mettre en œuvre le consensus important» atteint avec le président russe Vladimir Poutine, et «renforcer leur soutien mutuel dans les forums multilatéraux», a affirmé ce mardi Xi Jinping, cité par l'agence officielle Chine nouvelle. Le président chinois Xi Jinping a déclaré ce mardi au ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov que la Chine et la Russie devaient «renforcer leur soutien mutuel», selon un média d'État chinois. Pékin et Moscou doivent «mettre en œuvre le consensus important» atteint avec le président russe Vladimir Poutine, et «renforcer leur soutien mutuel dans les forums multilatéraux», a affirmé Xi Jinping, cité par l'agence officielle Chine nouvelle. Les deux pays doivent également «unir les pays du Sud global et promouvoir le développement de l'ordre international dans une direction plus juste et plus raisonnable». Cet entretien s'est déroulé dans le cadre de la participation de Sergueï Lavrov à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). L'OCS regroupe 10 pays dont la Chine, la Russie, l'Iran, l'Inde et le Pakistan. Elle entend faire contrepoids aux organisations occidentales et renforcer la coopération en matière de politique, de sécurité ou encore de commerce. À lire aussi Bertille Bayart: «Terres rares, l'atout maître de Xi Jinping» Publicité Préparation d'une visite de Vladimir Poutine Parmi les sujets abordés par les deux responsables figurait la préparation d'une visite du président russe Vladimir Poutine en Chine à l'occasion d'un sommet de l'OCS, a de son côté rapporté Moscou. Sergueï Lavrov s'était entretenu dimanche avec son homologue chinois Wang Yi, notamment sur le dossier ukrainien et «les relations avec les États-Unis», selon Moscou. La Chine, un allié diplomatique et économique clé de la Russie, n'a jamais dénoncé l'assaut que cette dernière poursuit depuis février 2022 en Ukraine, ni appelé au retrait des troupes russes. Pékin plaide toutefois régulièrement pour l'arrêt des combats, tout en accusant les soutiens de Kiev d'alimenter le conflit en armant l'armée ukrainienne pour repousser les forces russes.

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